8 octobre 2010 Le prix Nobel de la paix attribué à Liu Xiabo
Un jour à marquer d’une pierre blanche ! Le prix Nobel de la paix a été attribué à Liu Xiabo. Pour Pékin, c’est la réalisation d’un cauchemar dont le PCC est paradoxalement le principal responsable : la création d’un martyre du combat pour la démocratie.
Liu Xiabo, c’est ce dissident chinois qui fait preuve d’un courage et d’une volonté sans failles depuis les événements de Tian amen pour tenter de faire évoluer la société chinoise. Malgré la prison ou les camps de travail il n’a cessé d’œuvrer depuis pour que son pays sorte de la dictature et s’ouvre à la démocratie.
Arrêté fin 2008 pour avoir co-écrit la fameuse Charte 08 qui appelait à de profondes réformes en Chine, il a été condamné à une peine de 11 ans de prison. Ce texte avait été soutenu par une myriade d’intellectuels chinois, journalistes, avocats, écrivains, universitaires, artistes… Preuve que la société chinoise aspire à un changement.
La lourdeur de la peine était totalement disproportionnée pour ce qui n’était après tout qu’une expression citoyenne à voir le pays évoluer pacifiquement en restant dans le cadre de la constitution chinoise.
Mais pour le Parti Communiste Chinois, quiconque appelant à menacer sa suprématie ne peut qu’être taxé de criminel menaçant la sécurité de la Nation. D’où la lourdeur de la peine. Liu Xiabo avait également participé en mars 2008 (avec Wang Lixiong) à la rédaction de « 12 suggestions pour traiter de la situation au Tibet ». Ce texte prônait notamment un véritable dialogue direct entre les autorités chinoises et le Dalaï-lama. Pas vraiment de quoi réjouir Pékin la non plus…
L’acharnement du PCC à l’égard de Liu Xiabo aura finalement eu pour effet d’enfin faire réagir le monde extérieur pourtant peu enclin jusqu’à présent à froisser la Chine. Le ton menaçant de Pékin dans son récent bras de fer avec le Japon à propos des îles Diayu (ou Senkaku en japonais) ou encore son intransigeance à propos de la réévaluation du Yuan ont certainement également concouru à l’attribution de ce prix Nobel. Les menaces envers la Norvège n’y ont rien changé et Pékin se prend une claque monumentale. Alors que s’achève bientôt l’Expo Universelle de Shanghai, l’un des outils fort dispendieux pour tenter de redorer l’image de la Chine à travers le monde, cet effort se trouve soudainement balayé par une humiliation totale qui place la Chine du côté des « barbares ».
Les récentes déclarations à l’ONU de Wen Jiabao sur la nécessité de réformes politiques ont été censurées en Chine même. Aujourd’hui, des personnalités du monde entier, de Lech Walesa à Obama ou, pire, le Dalaï-lama, appellent Pékin à libérer le premier Chinois ayant jamais reçu un prix Nobel… Un dissident. Toutes ces informations sont évidemment également censurées dans la Mère Patrie. Mais l’Internet « souterrain » bruisse de plus en plus malgré tout de réactions. Liu Xiabo est peut-être devenu aujourd’hui l’incarnation d’une nouvelle forme de pouvoir possible. Un jour véritablement historique.